17 oct. 2012

La fin de Lost

SPOILER

Lost se termine exactement ainsi : la fin de Lost est le moment où les protagonistes se souviennent de Lost.
Cette conclusion a été un véritable phénomène déceptif pour certain. Pas de big picture cachée et enfin révélée.
Pour faire court Lost se résume dans ce schéma. Des individus atterrissent sur une île où les signes d'une justification sont prolifiques : il y aurait une raison à leur présence. On découvrira, step by step, qu'une grande partie de ces raisons ont été provoquées par les individus concernés. La raison de leur présence n'est pas à trouver ailleurs : c'est eux-mêmes.
Évidemment, tous ceux parmi les spectateurs qui voyaient dans Lost un nœud du réel et espéraient qu'on leur présente à la fois le fil dénoué et l'auteur du nœud, peuvent être déçus.
Pour les personnages, la fin de Lost prend acte dans l'affirmation qu'ils ont bien, en effet, participé à ce réel, éprouvé cette histoire, expérimenté ce monde. Littéralement, l'histoire prend fin au moment où elle accepte de ne plus faire référence qu'à elle même. Là aussi, donner un sens aux énigmes qui demeurent est hors-sujet – il faut même qu'il y en ait quelques-unes qui trainent pour faire vrai.
Tout l'intérêt d'une telle fin est que Lost n'a jamais été dénué de métaphysique, au sens où, oui, il y a bien quand même quelques raisons extérieures à la présence de ces personnages sur cette île. Mais même là, dans cette métaphysique du récit, le sens ne fait pas vraiment sens. Tout ce que nous appendra, faute de mieux, le sens caché derrière le réel est que l'île existe afin qu'elle existe ; une sorte d'auto-désignation qui se suffit. À la limite qu'importe. C'est d'autant plus parce qu'une métaphysique existait que l'autoréférence joyeuse – car les personnages terminent bien comme tels : joyeux – du réel à lui-même prend de la valeur. Ce qui importe est que cela a été là et que cela soit l'objet d'un accord. Et c'est suffisant.

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La réaction des spectateurs qui demandent des explications supplémentaires n'est qu'une tentative de préserver la fiction. Mais ni comme plaisir ou comme désir. Plutôt comme un privilège de la fiction sur le réel. C'est ne pas comprendre que toutes explications de cet ordre seraient extra-diégétiques par nature. Dans notre cas, ce ne serait que des explications de scénariste.