17 oct. 2012

On ne baise pas avec Ramona

Ce qu'a apporté le jeu-vidéo en terme de jeu social - comme il y aurait des jeux de langage – c'est, avant tout, le cool comme moyen de résolution.
Il n'y a que dans le jeu-vidéo qu'une problématique implique d'elle-même une résolution à travers l'emploi de moyens proprement jouissifs. L'usage des outils, même soumis à une courbe d'apprentissage et à une maitrise difficile, diffère d'une difficulté de la banalité et du morose – celle par exemple bureaucratique et financière, que la société occidentale exigerait. Le problème ne se règle pas sur le bon usage des fascicules et des déclarations mais sur le bon usage du rayon laser, du lasso anti-gravité, de la boule de feu et du double-jump
Ni le théâtre ni la littérature (un temps : ni le cinéma), genres artistiques traditionnellement attachés à la résolution sociale, n'ont jamais proposé de tels moyens. On rétorquera sans mal que les situations hyper-irréalistes des jeux-vidéos, invasions extra-terrestres et consort, sont un frein radical à une incorporation pertinente dans l'analogie sociale. C'est oublier que les bases historiques toujours largement entretenues du problème vidéo-ludique sont celles de la survie en société la jeune fille à retrouver. Mais Dieu merci pas de longues démarches entre postes de police et hôpitaux, allers-retours entre combiné téléphonique et carnet d'adresses, études de relevés de banques et de factures. La jeune fille se retrouve via parties endiablées de skateboard super-sonic.
C'est pourquoi on ne couche pas avec Ramona Flowers. Ramona veut coucher avec vous (et ça c'est cool, alors que coucher vraiment avec elle implique l'outil problématique et ultra-réel du sexe et du corps) mais Ramona préfère, à raison, vous donner l'occasion de la conquérir à coup de sabre laser. Ergo : une fois la partie achevée, il importe peu de serrer la fille. Elle peut bien être dans un autre château – ce serait aussi bien.